Les actions de préférence en SAS : levier de financement et outil de gouvernance

Les actions de préférence sont une catégorie d’actions spécifiques qui présentent des caractéristiques particulières, notamment en termes de droits financiers et politiques. En France, les Sociétés par Actions Simplifiées (SAS) peuvent recourir à ces instruments pour optimiser leur gouvernance et leur financement. Cet article vous présente un aperçu complet des actions de préférence dans le cadre des SAS, leurs avantages, leurs limites et leurs modalités d’émission.

Qu’est-ce qu’une action de préférence ?

Une action de préférence est un titre financier qui confère à son détenteur des droits particuliers par rapport aux autres actionnaires d’une société. Ces droits peuvent être d’ordre financier, comme un dividende prioritaire ou majoré, ou d’ordre politique, comme un droit de vote multiple ou limité. Les actions de préférence peuvent également être assorties de clauses spécifiques, telles que des droits de rachat ou des garanties sur la valeur liquidative.

Dans une SAS, l’émission d’actions de préférence permet ainsi aux dirigeants et aux investisseurs d’aménager la répartition des droits entre les différents actionnaires. Cette souplesse est l’un des principaux atouts du statut juridique des SAS, qui s’adapte aux besoins spécifiques des entreprises en croissance ou en transition.

Les avantages des actions de préférence en SAS

Pour les entreprises, les actions de préférence offrent plusieurs avantages, notamment :

  • La diversification des sources de financement, en complément des capitaux propres et de la dette bancaire.
  • L’aménagement de la gouvernance, en permettant aux dirigeants de conserver le contrôle opérationnel tout en ouvrant le capital à des partenaires financiers.
  • La valorisation du patrimoine des actionnaires fondateurs, grâce à un rendement potentiellement supérieur aux actions ordinaires.

Pour les investisseurs, les actions de préférence présentent également plusieurs attraits :

  • Un rendement potentiellement élevé, avec un dividende prioritaire ou majoré par rapport aux autres actionnaires.
  • Une protection juridique renforcée, grâce aux clauses spécifiques telles que les droits de rachat ou les garanties sur la valeur liquidative.
  • Une liquidité accrue, grâce à la possibilité d’échangeabilité ou de conversion en actions ordinaires.

Les limites et inconvénients des actions de préférence

Toutefois, les actions de préférence ne sont pas exemptes d’inconvénients et soulèvent certaines questions juridiques et financières :

  • Le risque d’une dilution excessive du capital pour les actionnaires ordinaires, en cas d’émission massive d’actions de préférence.
  • La complexité accrue des négociations entre les actionnaires et les dirigeants, lors de l’établissement des clauses spécifiques.
  • La possible instabilité de la gouvernance, si les droits politiques accordés aux actionnaires préférentiels sont disproportionnés par rapport à leur participation financière.

Par ailleurs, certaines limitations légales encadrent l’émission d’actions de préférence en SAS :

  • Le nombre total d’actions de préférence ne peut excéder 50% du capital social, sauf dérogation exceptionnelle accordée par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
  • Les droits financiers attachés aux actions de préférence ne peuvent être supérieurs au quintuple des droits accordés aux actions ordinaires.
  • Les droits de vote multiple ou limité doivent respecter le principe d’égalité entre les actionnaires et ne pas créer de déséquilibre manifeste dans la répartition du pouvoir.

Modalités d’émission des actions de préférence en SAS

L’émission d’actions de préférence en SAS doit répondre à plusieurs conditions et procédures :

  1. L’objet social de la société doit autoriser l’émission d’actions de préférence, soit par une mention expresse dans les statuts, soit par une modification ultérieure approuvée en assemblée générale extraordinaire.
  2. Le montant du capital social doit être intégralement libéré avant toute émission d’actions de préférence.
  3. Les actionnaires existants disposent d’un droit de préemption, qui peut être exercé proportionnellement à leur participation au capital ou bien renoncé collectivement lors d’une assemblée générale extraordinaire.
  4. Le prix d’émission et les conditions de souscription doivent être fixés par le conseil d’administration, sur la base d’un rapport établi par un commissaire aux apports désigné par le président du tribunal de commerce.

Dans tous les cas, il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit des sociétés ou un expert-comptable pour accompagner la mise en place et le suivi des actions de préférence en SAS. Ces professionnels sauront vous orienter vers les solutions les plus adaptées à votre situation et vous assister dans le respect des obligations légales et réglementaires en vigueur.

En guise de synthèse

Les actions de préférence en SAS constituent un levier de financement et un outil de gouvernance efficace pour les entreprises et les investisseurs. Elles permettent d’aménager la répartition des droits financiers et politiques entre les actionnaires, tout en offrant une certaine flexibilité juridique. Toutefois, leur émission requiert une attention particulière aux risques potentiels et aux limitations légales, ainsi qu’un accompagnement professionnel adéquat pour garantir le respect des procédures et des obligations réglementaires.